1998

Être née en début d’année est une chose qui m’est des plus affriolantes. J’ai toujours avantagé, préféré le fait de démarrer la nouvelle année avec un nouvel âge. Référer dans un futur lointain, cette année-là à l’âge que j’avais, ne pas à réfléchir au mois et me dire « ah non, je n’avais pas encore cet âge ». Être née en janvier m’épargne de cette réflexion et souffle le vent du changement. Nouvelle année, nouvel âge, nouvelles ambitions, nouveaux désirs, une nouvelle moi. Repartir de bon pied. Aujourd’hui j’ai dix-neuf ans et redoute l’année 2018 où je changerai définitivement de décennie. La vingtaine. J’ai toujours été excitée à l’arrivée du douze janvier, mais commence à le redouter. Je ne veux pas vieillir. Je ne veux plus vieillir. J’aimerai rester cette adolescente/jeune adulte toute ma vie, puisque, oui, à cet âge passé, la majorité acquise, nous ne savons où nous situer. J’aurai tendance à dire l’entre-deux, bien que j’aime les choses abstraites, l’abstraction de ma situation m’effraie plantureusement.


J’ai pris une année et ma mère en est dingue. Je suis sa plus jeune fille, mes deux ainées me dépassent de dix et onze ans et j’ai deux nièces, qui auront cinq et deux ans chacune cette année, ce qui a fait de ma mère une mamie à l’âge de quarante-quatre ans. Et je ne vois pas le temps passer. Je me revois dans ma chambre de petite fille à mettre en scène ma vie future, m’occuper de poupons, changer leurs couches, faire la vaisselle d’une dînette. Nous ne prendrons pas en compte que j’aimais aussi décapiter leur tête et les cacher sous mon lit de peur que ma mère les découvre ainsi..! Je me souviens avoir eu cet ours en peluche dès mon plus jeune âge, à vrai dire je ne me rappelle plus, jusqu’à sans doute mes treize ou quatorze ans à côté de ma tête toutes les nuits. Il était phosphorescent et m’empêchait d’allumer ma lumière toutes les deux minutes par peur du noir. Et puis il y a cette peluche, dont je ne parviens pas à m’en séparer. Voilà dix-neuf ans que je gratte son visage, c’est un peu un secret honteux, j’ai ce tic depuis ma naissance de gratter cette peluche, autrefois communément appelée « nounours« , avec la naissance de mes ongles de mains, juste au dessus de la phalange. Je ne sais pas pourquoi je faisais ça, ça me calmait sans doute, et ça continue de me calmer, quand je n’ai pas ce doudou avec moi -je viens de m’en séparer trois longs mois, c’est une première- ce sont les pulls ou mon copain que je gratte, mon deuxième doudou.

Avoir un doudou à presque vingt ans n’est pas une honte, il n’y a pas d’âge pour cela. Le regarder me rappelle mes plus jeunes années et me rend heureuse. Alors pourquoi me priver de ce bonheur ? Non les doudous ne sont pas réservés qu’aux bambins et enfants.
Combien de fois ma maman a changé son visage et son corps ? Ce que vous voyez de son visage plus haut était il y a plus de dix ans son corps, et les oreilles étaient bien plus rondes, comme un vrai ours, mais j’avais tellement gratté son visage qu’il ressemblait à peu près à ce qu’il ressemble actuellement.


J’ai dix-neuf ans et j’ai vécu les dernières minutes de mes dix-huit ans dans le stress total, j’envoyais des messages paniqués à mon copain. Je suis toujours comme ça. J’avais été dîné chez une amie et quand je suis rentrée chez moi hier soir je n’avais pas pu m’asseoir une seule seconde. Pour canaliser cela, j’ai fait tout le ménage de mon appartement et après ça il me restait vingt minutes avant le fameux minuit. J’ai clairement fait les cents pas pendant vingt minutes ! C’était interminable ! Et pourtant c’est totalement stupide, je ne prends qu’une année de plus ! Mais je suis toujours dans cet état à l’approche d’un événement assez important, tout comme l’approche de la nouvelle année !

Je n’ai aucun objectif pour mes dix-neuf ans, seulement être moi, être moi à cent pour-cent, et j’ai déjà un peu triché avec une dernière photo publiée sur Instagram il y a deux jours qui reflétait ma personnalité au plus haut point et dévoilait une partie de mon corps qui ferait crier certains à la décadence sur tous les toits. Mais le plus important était le message inscrit plus bas. Je suis féministe mais je n’aime pas utiliser ce terme extrêmement dégradé par cette société, alors j’aimerais me dire… égalitariste ? Je continuerai de défendre mes droits, me battre pour ma juste valeur et cracher sur ces fermés d’esprits, machistes et égocentriques. 2017 et mes dix-neuf ans feront de moi la vraie femme que j’ai toujours été au fond.

Avec tout mon amour.

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